Togo : Faure Gnassingbé prête serment comme Président du Conseil des ministres, nouveau chef de l’exécutif sous une Constitution contestée

Une nouvelle page de l’histoire politique togolaise s’est ouverte ce samedi 3 mai à Lomé. Faure Essozimna Gnassingbé a prêté serment en tant que Président du Conseil des ministres, devenant ainsi officiellement le détenteur suprême du pouvoir exécutif, conformément à la nouvelle Constitution promulguée en mai 2024. 1 Cette cérémonie marque l’aboutissement d’une réforme institutionnelle majeure, mais vivement critiquée par l’opposition qui dénonce une manœuvre visant à maintenir M. Gnassingbé à la tête du pays.  

La Loi fondamentale révisée, adoptée l’année dernière, a profondément modifié l’équilibre des pouvoirs. 1 La fonction de Président de la République est désormais essentiellement honorifique. Le pouvoir exécutif est exercé par le Président du Conseil des ministres, qui, selon l’article clé de cette nouvelle Constitution, doit être « le chef du parti majoritaire ou le chef du premier parti de la coalition jouissant d’une majorité à l’Assemblée nationale à l’issue des élections législatives ».

C’est en vertu de cette disposition que M. Gnassingbé, dont le parti détient la majorité parlementaire, a été désigné plus tôt dans la matinée par l’Assemblée nationale pour occuper ce nouveau poste stratégique. 1 Cette transition institutionnelle a été précédée par la démission, vendredi soir, de la Première ministre et de son gouvernement, le poste de chef de gouvernement n’existant plus dans la nouvelle configuration.

Au pouvoir en tant que Président de la République depuis 2005, Faure Gnassingbé aurait dû, sous l’ancien régime constitutionnel, faire face à une limitation de mandat l’empêchant théoriquement de se représenter après 2025. Pour l’opposition, cette réforme, qui crée un poste puissant de Président du Conseil sans limite de mandat explicite dans le temps, est un moyen détourné pour lui de rester indéfiniment aux commandes du Togo.

L’investiture de ce jour entérine donc un changement de régime vers un système davantage parlementaire, mais elle s’inscrit dans un contexte de forte controverse politique, l’opposition continuant de contester la légitimité et les motivations de cette réorganisation profonde de l’État togolais.